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8 juin 2020 1 08 /06 /juin /2020 15:15
Bombyx, le retour !

C'est la fin du confinement aussi pour les chenilles du Bombyx disparate, ce papillon aux couleurs assez ternes, mais aux larves atteintes de fringale dévastatrice!

Souvenez-vous, au printemps dernier, elles avaient envahi la forêt du Dom et ses environs, défoliant de façon spectaculaire les chênes-liège, notamment, et d'autres arbres aussi, jusque dans nos parcs et jardins. Leur descendance, éclose de fraîche date, menace de faire de même ce printemps.

Que l'on se rassure pourtant, cette invasion n'aura sans doute pas la même ampleur cette année. Et l'an prochain la situation sera redevenue à peu près normale. Car la nature a mis au point des systèmes de défense qui ont fait leurs preuves. C'est ainsi que ces pullulations ont un caractère cyclique : elles reviennent en moyenne tous les 10-15 ans, pour un retour à l'équilibre pendant les années suivantes.

Quel est donc le système de défense de la forêt?

Si l'on est tant soit peu observateur, on constate que nombre de ces chenilles portent, collé sur leur corps, un tout petit grain blanc ou jaunâtre, qui n'est autre que la ponte d'un insecte prédateur. Il existe plusieurs espèces de guêpes et mouches ainsi spécialisées dans la prédation des chenilles. Certaines mini-guêpes pondent même directement dans la chenille. La larve du prédateur, une fois éclose, dévore peu à peu son malheureux hôte de l'intérieur, épargnant jusqu'au dernier moment les organes vitaux, avant de se métamorphoser, à l'intérieur ou à l'extérieur de la chenille finalement vidée de sa substance. C'est ainsi que l'on peut voir, contre des chenilles mortes ou mourantes, des petits cocons d'où sortiront au bout de quelques jours de nouveaux prédateurs adultes.

Par ailleurs les oiseaux, au premier rang desquels corbeaux, pies et geais, que l'on considère pourtant comme nuisibles, et certains petits passereaux, dévorent de grandes quantités de chenilles, qu'ils ont appris à fendre et vider sans être incommodés par leurs poils.

Enfin, le Bombyx disparate a aussi un ennemi féroce en la "personne" d'un bel insecte, le grand calosome., et de sa larve, beaucoup moins avenante que lui, voire même assez répugnante quand elle devient "obèse" à force de voracité, avec des renflements de "bonhomme Michelin" qui font saillie entre ses anneaux... Cette larve, qui se cache généralement au sol, passe souvent inaperçue, tandis que l'adulte, qui mesure de 3 à 4 cm, est spectaculaire avec ses brillantes couleurs métallisées. Il est très actif, nuit et jour, courant inlassablement dans la végétation à la recherche de chenilles tombées, escaladant les troncs avec agilité pour chasser ses proies dans les feuillages des arbres. Chaque calosome dévorerait une centaine de chenilles et de chrysalides en une seule saison. Trop repérable, il serait lui même une victime facile sans son système de défense, l'émission dès qu'il se sent menacé d'un liquide irritant à l'affreuse odeur chimique particulièrement efficace : si votre chat ou votre chien trop curieux s'est avisé de vouloir s'amuser avec un grand calosome, il ne recommencera pas de sa vie!

Bombyx, le retour !Bombyx, le retour !

Bref, le cycle du Bombyx disparate commence par une année où les chenilles pullulent au point de parfois dévorer, comme l'an dernier, le feuillage d'une forêt entière sur des milliers d'hectares. L'année suivante, il naît presque autant de chenilles, voire davantage si les conditions hivernales leur ont été favorables, mais les prédateurs sont au rendez-vous et la population de chenilles décroît. La troisième année, les prédateurs grouillent, les chenilles se raréfient de façon spectaculaire. Les années suivantes, les chenilles deviennent rares, mais les prédateurs également, puisqu'ils n'ont plus rien à manger. Et la situation se maintient ainsi pendant une dizaine d'années, voire plus, jusqu'à ce que le Bombyx disparate retrouve des conditions particulièrement favorables et que ses populations explosent à nouveau. Et le cycle recommence, entre ennemis et amis des arbres!

Mais les arbres justement, comment s'en sortent-ils?

Comme vous l'avez constaté l'année dernière, la plupart des chênes-liège, totalement dépouillés de leurs feuilles pendant plusieurs semaines, ont déclenché en début d'été une deuxième feuillaison. Cela leur a demandé de mobiliser toutes leurs ressources, et certains en sont morts, surtout s'ils étaient déjà affaiblis par des années de sécheresse. Quand il pleut suffisamment les années suivantes, la plupart des arbres se remettent plus ou moins bien. Par contre, si le climat tend à s'assécher selon la tendance observée ces dernières décennies, les populations de chênes-liège risquent de devenir de plus en plus fragiles.

L'équilibre millénaire qui régit la forêt et ses hôtes est-il sur le point de basculer?...

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Si vous souhaitez en savoir davantage, les liens suivants pourront vous être utiles

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